et hop’sasa de gauche de droite de cloche-pied
droite gouache terre ciel en craie de charbon de haut en bas Cramblostouche
& Moustrengroche se partagent grumbo & strignôle et ça chante belette
Chéyenne qui visite caribou vaudou lelong des pavés de Quenast oh quaternion non de diou spoutnik bip bip et encore bip
quasar tzarévitch aperçoit à travers brouillard un morceau de viande qui
boite à la recherche de sa dépouille perdue pain se prend pour une majorette
qui danse claquettes ici et là surtout au port d’Anvers filet s’accompagne de
flûtes vapeur cargo et orgues ma non troppo et pas plus que ça ni plus simple
défilé de bœuf mode en bal musette sans chemisette plein dans l’assiette
manger aux cuillères idiophones & xylo les rejoint aussi pour cette
surprise-partie tutti-frutti yup yup yup et hop qui au cochonnet qui cache la
truffe yup yup yup la tartine s’apprête la poule pond yup yup
et yup
Mistrangle & Bindroptchie se boivent un
quimenatrie on the rocks & roll ailleurs car chez eux c’est trop
screugneugneu et le bœuf sur leur toit a pris feu
ah quelle farce !
(j’écoute
- j’écris - d’un trait : André Robillard & les Endimanchés - Tuer la
misère, 2008)
Note :
André
Robillard, né en 1931, est un sculpteur dessinateur, musicien, créateur d’art
brut. Dés l’âge de 7 ans, il fait des séjours réguliers à l’hôpital
psychiatrique de Fleury-les-Aubrais… À l’âge de 33 ans, il est recruté par
l’hôpital comme auxiliaire pour s’occuper du jardinage, de blanchisserie et de
la station d’épuration de l’hôpital. De malade, il devient ouvrier sans pour
autant quitter le centre. C’est cette même année qu’il fabrique son premier
fusil avec des objets de récupérations (boîtes de conserves et de camembert,
ampoules usagées, pièces de bois récupérés, tissus, capsules…), ‘Pour tuer la misère’, dit-il. Peu après, son psychiatre, le
docteur Paul Renard, transmet quelques-uns des fusils d'André Robillard à Jean
Dubuffet qui constitue alors sa collection d’art brut. Les 2 hommes se
rencontrent à plusieurs reprises. André Robillard fabrique aussi des engins
spatiaux et des spoutnicks. Parallèlement à la fabrication d’objets, il dessine
beaucoup, des fusils, des planètes et des satellites mais aussi des animaux.
André Robillard joue par ailleurs de l’accordéons et de l’harmonica. En 2009,
il participe à un spectacle : Tuer la misère, conçu par Alexis Forestier et Charlotte Ranson par la compagnie : Les
Endimanchés. Ce projet a fait l’objet
d’un cd, véritable o.s.n.i [Objet Sonore Non Identifié] et qui disponible via
le site de vente en ligne Metamkine : www.metamkine.com
bal d’aphonies et guinguette simili latex sans sexe
– le
violon se scie le tronc bon train –
s’use le sillon en boucle d’oreille
gratte la pie qui chante
sature orgue en pipe
et manivelle clairon de bon ton
gauche droite talons
droite gauche flonflons
la Tamise coule dans la chemise
ou est-ce l’inverse ?
pipistrelle ménestrel
passe
banjo
version jargon chasse
– le
violon d’Ingres reprend le refrain –
le théâtre permet
la musique en singlet
puis
la sangle du corset s’accorde
multi-dextre pianote
giga-gigote
la glotte
colonne vertébrale du colonel
accueille acupuncture solennelle
ce n’est pas tout !
à s’y tromper
l’éléphant baritonne-t-il ?
– le
violon s’arc-boute, c’est divin –
la corne muse
le Tara biscote
l’univers par ses éclairs
tamboure notre cruelle chair
de conserve en pot-au-feu au cul de la bute
le ping du pong des fois précède
en quête du prépuce
par manque du jeu de puces
olé !
oléoduc hélicon de serpent à sonnette
la Transylvanie se mord les andouillettes
se mange les boulettes
s’installent les borborygmes qui content fleurette
sur la voie ferrée ils font grimpette
– et le
violon ?
le cor des Alpes se déguise en didgeridoo
s’élance comme boomerang d’honneur dans les choux en fleurs
et la cadence danse
se met en trance
émet l’assonnance
– le violon du non-dit n’en finit –
(écrit en
écoutant : Jean Dubuffet - Expériences Musicales 1961)
Note :
La notoriété de Jean Dubuffet [1901-1985] en
tant que peintre, sculpteur, plasticien et premier théoricien de l’art brut
n’est plus à faire. Il a nommé « art brut » toutes formes de
productions, peinture, sculpture, calligraphie qui sont l’œuvre par des
marginaux, des malades mentaux. Jean Dubuffet a énormément contribué à faire
connaître et diffuser le travail de nombreux artistes de l’art brut dont il
avouait lui-même s’être largement inspiré pour la création de son propre art.
Beaucoup moins connue, voir ignorée est l’œuvre
musicale de Jean Dubuffet qui en 1961 enregistre un ensemble de 20 pièces qui
font l’objet, la même année, de l’édition d’un coffret, limité à 60
exemplaires, de 6 disques vinyles. En 1991, neuf des vingt pièces originales
ont été réédités dur un cd intitulé : Expériences musicales de Jean Dubuffet ou
la Musique chauve [Circé/Mandela/Fondation
Dubuffet]. En 2012, un double cd, intitulé à la suite Expériences musicales
de Jean Dubuffet (II) se compose des 11
pièces restantes du coffret original, de plus un livret très riche l’accompagne
dont nous vous livrons quelques extraits : « Je crois que notre musique occidentale est un avatar parmi
toutes les possibilités qui s’offraient à la musique. Maintenant on s’imagine,
par erreur d’optique, que c’est une sorte de musique très spécieuse parmi des
millions de possibilités qui s’offraient et qui, pareillement, s’offriront
demain (…) J’ai voulu, dans ma musique, me mettre dans la position d’un homme
d’il y a cinquante mille ans, qui ignorerait tout de la musique occidentale et
qui s’inventerait une musique sans aucune référence, sans aucune discipline,
rien qui ne puisse l’empêcher de s’exprimer, tout à fait librement pour son bon
plaisir. C’est exactement ce que j’ai cherché à faire dans ma peinture
seulement avec cette différence que la peinture je la connais, je l’ai étudiée
[…] au lieu que la musique je ne la connais pas et c’est ce qui me donnait un
certain avantage dans mes expériences musicales. Je n’avais aucun effort à
faire, quoique ça soit, puisque je ne savais rien. […] Je trouve que la vraie
musique ne doit pas s’écrire, que toute musique écrite est une fausse musique,
que la notation musicale qui a été adopté en Occident, avec ses notes sur des
portées et avec ses douze sons de l’octave, c’est une notation extrêmement
pauvre, et qui ne permet certainement pas de noter les sons, qui ne permet de
faire qu’une musique tout à fait spécieuse qui n’a rien à voir avec la vraie
musique. La vraie musique, il est impossible de l’écrire, sinon de l’écrire
avec une pointe dans la cire et c’est ce qu’on fait maintenant avec les
disques. Cela, c’est une sorte d’écriture et la seule qui convienne à la
musique » - Jean Dubuffet,
propos qui proviennent d’un entretien qu’Ilhan Mimaroglu a eu avec l’artiste à
Paris en juillet 1969. Il reste à préciser que Jean Dubuffet a, en définitive,
abandonné ses expériences musicales, non pas parce qu’elles étaient en
opposition avec son travail de peintre, mais parce qu’elles exigeaient de lui tout
autant de temps, d’applications – et de passions.
-JEAN DUBUFFET 1961-Expériences musicales de Jean Dubuffet
(II) : RUMPSTI PUMSTI (MUSIC) EDITION NUMMER 13. Berlin &
Fondation Dubuffet Paris. 2012.
Le disque [2 cd + livret] est disponible et en vente par correspondance
via www.metamkine.com
R.L. Burnside est né le 23 novembre 1926 à La Fayette, région d'Oxford (Mississippi). Dans le sillage de la catastrophe humanitaire qui fin août 2005 ravage cette région avec le passage de l'ouragan Katerina. R.L Burnside décède d'un arrêt cardiaque le 05 septembre 2005 - sa vieille maison dans l'ouest de Como (là ou a vécu Mississippi McDowell) s'était écroulée et il avait du installer sa famille dans une grande caravane au milieu des décombres -. Il été âgé de 79 ans et l'un des tous derniers - sinon le dernier - authentique bluesmen des terres et des eaux troubles du Mississippi.
Dès les années 50, il a alors à peine 25 ans, sa réputation en tant que bluesman du cru est déjà solide. Il chante, s'accompagnant seul à la guitare dans les Juke Joints [lieux -espèce de bars- où se tenaient très souvent des concerts du blues et bagarres en tout genre.], fêtes à la maison ou pique-niques campagnards. Il interprète alors un blues rural acoustique inscrit dans la pure tradition du meilleurs folk-blues. Comme la majorité des grands chanteurs de blues des toutes premières heures, il grandit dans une ferme. Pour gagner sa vie, il est ouvrier agricole mais chante, joue le blues dimanches et jours de fêtes afin de compléter ses maigres revenus, ainsi il peut entretenir sa nombreuse famille. Il a commencé par jouer le blues dans les années cinquante après avoir écouté les vieux maîtres de sa région natale, notamment le légendaire Mississippi Fred McDowell.
Quelques enregistrements acoustiques de R.L. BURNSIDE de la la fin des années soixante sont aujourd'hui réédité en disques-compacts témoignant de la subtilité, haute qualité du blues acoustique que pratique R.L Burnside à cette époque.
Ensuite, il s'oriente progressivement vers la guitare électrique ; de surcroît comme ses fils, devenus adolescents, sont eux aussi musiciens, il forme un groupe familial : The Sound Machine Groove avec guitares électriques, basses et batterie. Cette formation joue les samedi-dimanches se taillant fort vite une solide réputation, et elle attire de très nombreux amateurs de blues de tout l'état du Mississippi mais aussi de bien plus loin. R.L. Burnside et son Sound Machine Groove enregistrent plusieurs albums durant les années quatre-vingt mais sans connaître pour autant le succès.
Il faut attendre le milieu des années quatre-vingt-dix pour que le grand public découvre R.L. BURNSIDE par le biais de jeune label : Fat Possum qui effectue un extraordinaire travail de véritable exhumation de vieux bluesmen tombés dans l'oubli ou purement méconnus : Lewis Furry, Junion Kimbrough, T-Model Ford, Robert Belfour et bin d'autres encore.
R.L BURNSIDE enregistre de 1993 à 2004 sept insoupçonnables albums furieux : notamment le brut de décoffrage : A Ass Pocket of Whiskey enregistré le 06 février 1998 en une seule aprés-midi avec la participation du jeune groupe révélation du moment JON SPENCER BLUES EXPLOSION ! R.L Burnside leur rend la pareille en apparaissant sur leur album : Now I Got Worry [1998]. Il va également assurer les premières parties de la tournée mondiale du Jon Spencer Explosion.
Have You Ever Been Lonely
extrait de l'album A Ass Pocket of Whiskey de R.L. BURNSIDE.
Sur scène dés cette époque R.L. Burnside n'est plus accompagné que par son petit fils Cédric à la batterie (également rappeur en d'autres heures) et du fidèle guitariste blanc Kenny Brown (à écouter son excellent album solo : Stingray paru en 2003 sur le label : Fat Possum). Un excellent film documentaire d'une heure : A Day with R.L. Burnside est d'ailleurs filmé et réalisé en France par Sophie Kertesz et témoigne de cette époque.
L'art de R.L. Burnside demeure à jamais pareil à un tord boyaux hors d'âge, la pratique d'une matière brute, dépiautée jusqu'à l'os sans aucun superflu technique. Aucun gimmicks rabâchés juste du blues dans ses climats les plus purs avec un authentique groove imparable.
Juin 2005 voyait paraître l'incroyable testamentaire album en public - absolument indispensable ! - d'un concert enregistré le 11 juin 2004 autour de R.L. Burnside : Live at Bonnaroo Manchester-North Mississippi All Star-Hill Country Revue...
...Outre les enfants et les petits-enfants du grand-papy Burnside (il ne peut, alors, ne jouer qu'assis), quelques autres hautes figures incontournables comme Jim Dickinson, Jojo Hermann, Chris Robinson, Le Rising Star Five & Drum Band d'Otha Turner viennent prêter mains fortes. Ce dernier enregistrement en public témoigne de l'impact considérable de R.L. Burnside, notamment au cours des dix dernières années de sa vie et de sa carrière, dans l'histoire sans cesse renouvelée du blues. Il a certainement permis une évolution et la ré-actualisation d'un genre toujours pas moribond, plus que jamais d'actualité, offrant notamment au rap et ses adeptes quelques unes de ses premières vraies lettres de noblesses, notamment en 2004, avec l'étonnant album de remix : A Bothered Mind. WELL ! WELL ! WELL ! WELL ! WELL !
Christian-Edziré Déquesnes, décembre 2008.
Discographie [établie en janvier 2009].
- First recording / recorded by G.Mittchell in 1988. Réédition Epitah/Fat Possum 2003.
-Mississippi Hill Country Blues / Enregistrements acoustiques de 1980 à 1982 mais aussi 3 titres de 1967. Epitah/Fat Possum
-Bad Luck City/ R.L Burnside & the Sound Machine Groove, enregistré en 1991. Demon records/Fat Possum 1993.
-Too Bad Jim/ Enregistré en 1993. Epitah/Fat Possum 1996.
-A Ass Pocket of Whiskey/ Enregistré en 1996 avec la participation du Jon Spencer Blues Explosion ! Epitah/Fat Possum 1996.
-Mississippi Blues Rural L. Burnside/ Enregistrement acoustique en public en France de 1983. Arion 1997.
-Mr Wizard/ Enregistrements de 1994, 1995 et 1996 avec la participation du Jon Spencer Blues Explosion ! Epitah/Fat Possum 1997.
-Sound Machine Groove/ Enregistrements de 1979 à 1980. Highwater 1997.
-Acoustic Stories/ MC Records 1997.
-Come On In/ Enregistré en 1998. Epitaph/Fat Possum 1998.
-Rollin' Tumblin'/ Maxi 5 titres avec remix. 1998. Fat Possum.
-My Black Name A-rigi/ Enregistrements acoustiques de 1969. Genes records 1999 in the Blues Vault series.
-Wish I Was Heaven Sitting Down / Epitath/Fat Possum 2000.
-Well Well Well/ Enregistrements de 1988 à 1993. MC Records 2001.
-Burnside on Burnside/ Live 2001 avec Cedric Burns (batterie) et Kenny Brown (Guitare). Epitah/Fat Possum 2001.
-Burnside Darker Blues/ Maxi disque-compact de 7 titres avec d.j et rappeurs. Epitath/Fat Possum 2002.
-A Bothered Mind/ Album de remix avec participation de nombreux d.j et rappeurs dont Mike E-Clark & Kid Rock. Fat Possum 2004.
Raw Electric/ Enregistrements de 1979 à 1980. Music Avenue 2005.
-North Mississippi All Stars Hill Country Revue/ Live 2004 autour et avec R.L Burnside. ATO Records 2005.
Les albums : Mississippi Hill Country Blues, Too Bad Jim, Mr Wizard, Come on in, Wish i Was Heaven Sitting Down, Burnside on Burnside et A Bothered Mind existent également en vinyl sur le label : Fat Possum ; à noter, toujours sur ce même label, un 45 tours trois titres
(vol.26 de la fabuleuse George Mitchell Collection/un coffret de sept disques-compacts + livret rassemble l'intégralité des 45 volumes en 45 tours + titres bonus sur un septième disque-compact).
FILMOGRAPHIE :
-A Day with R.L. Burnside de Sophie Kertesz un document produit et réalisé par ciné-rock (ciné-rock@wanadoo.fr) Vidéo Planet/Boulbag 1999.
-You See Me Laughin': The Last of the Hill Country Bluesmen avec R.L. Burnside, Cedell Davis, T-Model Ford, Junior Kimbrough, Asie Payton, Kenny Brown, Johnny Farmer, Bono, Iggy Pop & The John Spencer Blues Explosion ! d.v.d Fat Possum 2005.
-Black Snake Moam (2006) Film de Graig Brewer et dont le rôle tenu par Samuel L.Jackson à de manière lointaine été inspiré par le personnage de R.L. Burnside.
AUTRES DISQUES :
-Now I Got Worry du Jon Spencer Blues Explosion ! avec la participation de R.L. Burnside. 1996/Mute Records.
-Stingray de Kenny Brown. 2003/Epitah-Fat Possum.
-The Records Dedicated to Big Daddys R.L. Burnside et Jr. Kimbrough de Burside Exploration [Gary Burnside : guitar & vocals + Cedric Burns ide : Drums & vocals]. 2005/Lucky 13 Records.
-Music from the Motion Picture Black Snake Moan inclus un titre de et par R.L. Burnside : Old Black Matie.
Yeah
yeah ! Le flamand bleu d’Ostende, une nuit, m’a dit
Toi, garçon, faut que t’écoute Willie, Willie Dixon !
Le type qui plusieurs fois déjà
m’a sauvé la vie
De par son
LIttle Red Rooster et j’aime chanter ça !
Well Well ! Garçon tu veux danser maintenant ? Vas-y !
Tu peux te laisser, mais vas chercher, dans son coin, Libba,
N'oublies pas Rory ! Avec toi entraînes les sur la piste de danse,
Vois ! Willie se fend la poire en tapant
la mesure sur son bide.
Yeah
yeah ! Makoto et Wilko ont pris leur guitare électrique.
Bror cogne déjà la grosse caisse, C.W empoigne la
contrebasse alors que Roland,Scott et Frank mouillent leurs
harmonicas.
Voyez ! Willie se marre
en tapant la juste mesure sur son bide.
Well
Well ! Ils nous refont le coup de Hoochie Coochie Man
[I’M YOUR] et les joyeuses roubignoles rouges sont servies,
C’est le plat du jour au 7iéme ciel sans
enfer, ni paradis.
Venez ! Willie chante en
tapant la juste mesure sur son bide.
Yeah
yeah ! Et ça rentre sans frapper ! V’là le gros du
renfort,
C’est Léo, Skip, Bo, Michaë l
et Hound.
Qui dit : ils sont morts ? Faux !
Ils
vivent car toujours avec eux nous chantons, dansons. La
Preuve ?
Willie hilare qui tape la juste mesure sur son bide.
Well
Well ! Le flamand bleu d’Ostende, une nuit, m’a dit
Toi garçon,
faut que tu écoutes Willie, Willie
Dixon !
Ce type, Francis,
plusieurs fois, aussi, m’a sauvé la vie
De par son Little Red Rooster... Plat du jour, pour toujours.
Christian-Edziré Déquesnes
Amand-les-Eaux, le 11.07.2017
– 16h04.
Note :
Willie
Dixon est né en 1915 à Vicksburg, port fluvial sur l’extrémité
sud du Delta du Mississippi. Il est le septième fils des quatorze
enfants de Daisy Dixon. Au grand désespoir de sa mère, le jeune
Willie, en dépit de ses facultés intellectuelles [il a deux années
d’avance à l’école], il privilégie très tôt la musique au
détriment de ses études. Vicksburg est avant tout une ville de
pianiste et Willie Dixon n’hésite pas à faire l’école
buissonnière pour aller écouter les bluesmen du cru et surtout son
idole Little Brother Montgomery. Parfois ses escapades sont plus que
conséquentes, à douze ans il est confronté à la violence des
prisons lors d’une première condamnation pour avoir récupéré
des éléments de plomberie dans une maison abandonnée ; avec
l’adolescence, les fugues se multiplient au cours desquelles il
parvient à plusieurs reprises à se rendre à New York et Chicago où
vit l’une de ses sœurs aînées. Quand Willie Dixon est à
Vicksburg, il vit de petits boulots mais son plus grand plaisir est
de se produire dans les églises avec un groupe de gospel :
Union Jublilee Singer, qu’il a fondé et ce qui leur permet
d’animer une émission depuis les studios d’une station de radio
locale. Si Willie Dixon a déjà le coffre d’un chanteur, il a
également la carrure d’un boxeur, un sport dans lequel il se
défend fort honorablement mais il ne peut cependant pas espérer
réussir dans cette discipline en restant dans le Mississippi, ce qui
l’incite, en 1936, à émigrer pour Chicago. Au départ tout semble
devoir lui réussir jusqu’au jour où il se fait exclure de la
profession pour avoir confondu le bureau d’un haut-commissaire
sportif avec un ring. Il reste la musique alors Willie Dixon
s’empresse de reformer un groupe de gospel et c’est aussi sa
rencontre décisive avec le pianiste et guitariste Leonard « Baby
Doo » Caston qui l’incite à devenir musicien professionnel
et qui lui fabrique même sa première contrebasse à l’aide d’une
corde et d’une boite de conserve. Caston et Dixon jouent dans les
rues, obtiennent leurs premiers engagements dans des clubs. En 1939,
ils sont à la tête des Fives Breezes,un
quintette avec lequel ils enregistrent pour la première fois, en
1940, sur le label Bluebird. Toutefois l’époque est difficile dans
le contexte de la seconde guerre mondiale et de plus, les positions
tranchées de Willie Dixon vont lui valoir de sérieux ennuis. Lors
de la mobilisation générale, en 1941, il refuse d’aller se battre
au nom de la défense des valeurs démocratiques d’une nation qui
nie à la population noire ses droits les plus élémentaires. Willie
Dixon est dans un premier temps incarcéré puis finalement réformé
pour raison psychiatrique par l’armée américaine qui redoute que
son exemple fasse des émules. Dès sa sortie de prison, Willie Dixon
reprend ses activités musicales et il retrouve son ami « Baby
Doo » et ils décrochent un contrat, en 1945, avec la firme
Mercury et les deux complices forme un trio : Big Three[référence
humoristique aux 3 gros de la seconde guerre mondiale, Roosevelt,
Churchill et Staline].
Le Big Three Trio signe avec le label Columbia
et ils obtiennent une série de hits dont You
Sure Look Good To Me en
1948. Parallèlement à sa carrière de contrebassiste et vocaliste
qui l’emmène trop souvent à son goût en tournée et sur les
route, Willie Dixon décide de se consacrer à la composition, à
l’écriture d’arrangements et à la production pour d’autres
artistes du blues.
Très
prolixe, Willie Dixon va offrir des classiques incontournables du
blues à Robert Nighthawk [Sweet
Black Angel],
Muddy Water [I
Just Want To Make Love To You, (I’m Your) Hoochie Coochie Man, I’m
Ready],
Lowell Fulson [Do
ME Right, Tollin’ Bells]
Jimmy Rogers [Walking
Byself],
Howlin’Wolf, [Sponnful,
Back Door Man, Little Red Rooster],
Sunnyland
Slim [Highway
61],
Little Walter
[My Babe], Jimmy
Witherspoon [When
The Lights Go Out…] ; également
il participe au balbutiements du rock’n roll en composant des
titres pour Bo Diddley [Pretty
Thing]
et Chuck Berry, jouant de la basse sur les premiers enregistrements
du rocker noir.. Mais bientôt,, en 1956, il prend conscience d’être
exploité financièrement par ses employeurs et qu’il ne touche pas
les dividendes que le succès de ses compositions et d’arrangeur en
studio devraient lui rapporter. Willie Dixon décide de prendre ses
distances vis-à-vis du milieu blues professionnel d’alors et
notamment du label Chess pour lequel il a fourni un travail
considérable. Il va désormais jouer la sage-femme car après avoir
assisté et participé à l’éclosion du blues électrique du South
Side, il aide Buddy Guy [Sit
and Cry (The Blues)],
Magic Sam [Easy
Baby]
et Otis Rush [I
Can’t Quit You Baby]
à accoucher de ce qu’on appelle bientôt le « West Side
Sound », un genre qui allie les influences du Delta Blues au
nouveau style de guitare très lyrique à la B.B. King et ce nouveau
blues, fortement teinté de gospel, préfigure en partie ce qui va
devenir par la suite la Soul Music du sud des States mais aussi le
rock blues britannique.
L’influence
et le travail de Willie Dixon sont donc prépondérants dans ce qui
fut une véritable révolution dans la musique populaire du siècle
21. On peut encore citer ses collaborations, prestations et disques
en duo, tout à fait prodigieux, avec le grand pianiste Memphis
Slim ; le hit écrit pour Koko Taylor : Wang
Dang Doodle ; Son
extraordinaire dernier album sous son nom : Hidden
Charms, avant
de s’éteindre le 29 janvier 1992, en ayant su jusqu’au terme sa
vie être fidèle à son idéal, comme la rappelé son épouse lors
de ses funérailles :
Willie croyait profondément à la diffusion d’un message de paix.
Plus que tout, il voulait se battre afin d’obtenir l’égalité
des chances pour tous. Quand il a écrit sa chanson May Not Be No Pie
in The Sky When You Die, il pensait qu’il fallait se battre pour
construire le paradis sur terre, et non pas seulement au ciel.
C’était la mission qu’il s’était donner avec la Blue Heaven
Fondation. Sa musique est là pour nous le rappeler.
Puis
je me souviens souvent des mots d’Arno au sujet de Willie Dixon,
lors de notre première rencontre en 1981 : Willie ,
Willie Dixon ! Il faut que tu écoutes ce type là. C’est
l’homme qui m’a déjà plusieurs fois sauvé la vie.
Discographie
recommandée et non exhaustive :
THE
POET OF THE BLUES/Willie Dixon and The Friends – Coffret de 10 Cd,
paru sur le label Membran.
THE
WILLIE DIXON STORY – Coffret 4 cd et un livret, paru sur le label
Proper.
WILLIE’S
BLUES with Memphis Slim – paru le label Prestige/Bluesville 1003.
MEMPHIS
SLIM & WILLIE DIXON – sur le label Folkways Records.
I
AM THE BLUES – Paru sur le label Columbia.
HIDDEN
CHARMS – [1988] sur le label Capitol/Bug.
**********
2 blues pour la fin de cette série :
PLATS DU JOUR
de Francis Carpentier
et Christian-Edziré Déquesnes
[les poèmes et notes seront à bientôt disponibles
aux éditions du Petit Curé.
Renseignements et contact : christian.dequesnes@sfr.fr ]
Elias
Otha Bates Mc Daneil dit Bob Diddley [1928] est né à Mc Comb
[Mississippi], bleusmen, guitariste, auto-compositeur et chanteur. Il
est reconnu comme l’inventeur du Diddley Beat forme évoluée
et transposée sur la guitare du Jungle Beat qui précipite
l’éclosion du rock en 1955. Son pseudonyme Bob Diddley lui
vient du nom donné à un instrument rudimentaire, constitué d’un
morceau de fil de fer accroché à un mur sur lequel on faisait
glisser un goulot de bouteille selon la technique du Bottleneck et
qui remplaçait la guitare chez les apprentis musiciens noires du
début du Blues. Cet instrument le Diddle ou Diddley Bow [aussi
appelé Jitterbug ou One String est… avec le Jug [bouteille servant
de basse dans laquelle on soufflait.] …à la base de l’invention
des musiques afro-américaines. Bo Diddley débuta comme
violoniste et passe à la guitare sous les influences de Louis
Jordan, John Lee Hooker et Muddy Water alors que se font ressentir
les tous premiers soubresauts de ce qui n’est encore que du Rythm’n
Blues et pas encore du Rock’n Roll.
Discographie
recommandée :
-Bo
Diddley : Rock’n’Roll Master Blaster [The Essential
Collection] sur le label :Metro Select/mcps. Double
cd de 50 titres [paru en 2013] qui regroupent tous les hits de Bo
Diddley : I’m a Man, Who Do You, Mona [I Need You Baby],
Hey, Bo Diddley, Cadillac, Road Runner… mais également des titres
plus rares dont quelques instrumentaux comme The Clock Strikes Twelve
sur lequel Bo Diddley joue du violon.
-Best
of Bo Diddley-vol 2. 1959-1966 : Sur le label Chess
Record/Vogue, cd paru en 1999 avec 12 titres dont When The Saints Go
Marching In et Bo’s Beat, une excellente improvisation-instrumentale
de 14 minutes, enregistrés avec la complicité d’un autre pionnier
noir du Rock’n Roll Chuck Berry.
-Bo
Diddley is a Gunslinger [1960] : Sur le lachel Chess
Record, la ré-édition cd anglaise de 1993 offre 5 bonus. On trouve
aussi dans la liste des titres une reprise du hit country de Merle
Travis Sixteen Tons.